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TW : Bodyshaming
Le chemin vers la spirale infernale des régimes
Mon conseil pour 2025 : ne faites jamais de régime. Parce qu’une fois qu’on a mis le doigt dans l’engrenage, il est difficile d’en sortir.
De bagra à grosse
Cela a d’abord commencé dans la petite enfance où j’ai eu rapidement un surnom « affectueux » : bagra (qui veut dire vache). On me comparait à ma cousine qui elle était surnommée « fil de fer » pour son extrême minceur.
Mais ni elle ni moi n’étions responsable de notre apparence, alors même que nous étions toutes deux dans la norme. Nous avions des morphotypes différents et ces joyeux sobriquets nous ont été donné par des membres de notre famille.
Rivalité féminine dès l’enfance
Je tiens également à préciser qu’en nous comparant ainsi et nous dénigrant sur des aspects physiques, intellectuels ou traits de caractères de chacune, les membres de nos familles respectives et élargies ont participé à créer et entretenir la rivalité féminine et impacter négativement notre confiance en soi et estime de soi. Iels ont également tué dans l’œuf toute possibilité de sororité entre elle et moi.
Sur ce sujet je vous recommande l’excellentissime livre de Racha Belmehdi : Rivalité nom féminin1. J’ai eu la chance de l’interviewer, le replay est disponible sur ma chaine twitch Sherazland.
La privation dès le plus jeune âge
Comme j’étais plus grosse que ma cousine et que tous les membres féminins de ma famille au même âge qu’elleux, dès que je mangeais j’étais scrutée.
Lors du goûter j’avais droit à moins et déjà on contrôlait mes quantités, on m’empêchait de manger plus, de manger trop. Mais les adultes faisaient preuve de grosses dissonances cognitives, alors même qu’iels me restreignaient, iels m’enjoignaient à finir mon assiette pour ne pas gâcher ou à m’utiliser comme « poubelle » pour finir les restes des autres.
Je faisais donc face à des phases de restrictions, privations et des phases de forçage. J’étais complètement perdue, en plus de voir les aliments interdits ou restreints comme des objets inatteignables. D’ailleurs dès que je pouvais j’en mangeais en cachette, accusant parfois mon petit frère si on s’en rendait compte. Aucun petit frère n’a souffert de mes mensonges puis-qu’étant le petit dernier, à cette époque-là, il était alors le chouchou.
D’enfant normé à ado avec quelques rondeurs
Toutes ces années passées où les adultes fliquaient mon alimentation et où tout le monde avait banalisé le bodyshaming, au point où même les adultes riaient lorsqu’on m’appelait bagra, m’avaient bien détruite intérieurement. Certain·e·s adultes d’ailleurs ne se gênaient pour me traiter de vache en ma présence et frontalement. Personne pour prendre ma défense, vraiment la meilleure des familles bienveillantes et aimantes. /s : indique le sarcasme.
Donc avec le temps et aussi et surtout la puberté, j’ai eu des seins, des hanches et un léger ventre arrondi. J’étais toujours dans la norme, mais je ne le savais pas, puisque tout ce bodyshaming dès le plus jeune âge avait altéré ma perception de mon corps réel.
La jeune fille feignante en dépression
Je ne me souviens plus trop pourquoi mais je sais qu’à un moment je suis tombée en dépression. Je pense que c’était un cumul de choses. Ma dépression n’a jamais été diagnostiquée à l’époque tout simplement parce que je n’avais pas de suivi médicale. J’ai été malade, je ne sais plus trop quoi mais j’ai eu un traitement de cortisone qui a sûrement duré trop longtemps. De plus je devais suivre un régime sans sel, bien-sûr que personne n’en a tenu compte. C’est donc à cette période là que j’ai pris beaucoup de kilos en quelques mois. Impossible alors de connaître mon poids puisque nous n’avions pas de pèse-personne. Je l’apprendrais chez le médecin lors d’une visite pour comprendre cette prise de poids, c’est là que je suis devenue « l’obèse », j’avais 22 ans.
La jeune chômeuse isolée
Les nombreuses années de chômage et dépression ont gravement atteint ma santé mentale. Bien qu’enthousiaste et très motivée pour trouver un emploi, je n’avais que rarement du taf. J’essuyais de nombreux refus soit par racisme, soit pour manque d’expérience, soit parce que je n’étais pas véhiculée. Je n’avais ni le permis, ni la voiture et le réseau de transport en commun était quasi inexistant pour les travailleurs. Je n’avais ni emploi, ni avenir, ni ami et le climat familial se faisait pesant.
Premier emploi et premier régime
Avec les petits boulots, j’ai mis de l’argent de côté pour mon permis et j’ai pu le passer surtout parce que j’avais bénéficié d’une aide du conseil général/régional : 1000 permis pour 1000 jeunes. Aujourd’hui il existe d’autres aides, renseignez-vous auprès de votre mission locale, votre région. Voici les dispositifs actuels d’aide pour financer votre permis de conduire, selon votre situation : aide pour financer le permis.
En 2001, j’ai enfin décroché un CDI dans la restauration en tant que pizzaïola, mon petit frère me dégotera une renault 19 pas chère pour pouvoir aller travailler. Cette période bien que difficile puisque j’apprenais un nouveau métier, fut une période sympa où j’ai enfin pu découvrir ce qu’était l’amitié (du moins c’est ce que j’ai cru alors). J’ai commencé à avoir mon propre salaire, plus d’indépendance, de liberté, une vie sociale et même si tout cela m’avait fait du bien, je restais meurtrie par les années de violences verbales.
Le 5 Avril 2004, je commence alors mon premier régime de mon propre fait, je choisis donc volontairement de m’affamer et rentrer dans la restriction cognitive pour perdre du poids. Et ce sera le début de l’enfer de la ronde des régimes : C*hen, Duk*n, M*ntignac, Bouillie, Soupe, Jeune Intermittent, Detox sucre, K*to, Low Carb, Atk*ns etc.
Et c’est une danse infernale qui va perdurer plus de 10 ans et va faire d’énormes dégâts sur ma santé mentale, physique mais qui va également laisser des stigmates profonds.
Les régimes et leurs effets délétères
Je serais plus tard diagnostiquée hyperphage et atteinte de dysmorphohobie. Mon poids n’a fait qu’augmenter, diminuer et de nouveau augmenter au fil des régimes.
Le stigmate le plus profond que m’ont laissé les régimes : c’est un rapport biaisé à l’alimentation. Bien que j’ai réussi à me libérer de l’hyperphagie, j’ai encore beaucoup de mal à manger. Je ne suis pas toujours connectée à la sensation de faim. Je suis capable de passer des journées entières sans m’alimenter, car il y a toujours cette petite voix quelque part qui chuchote, ce n’est pas grave tu as des réserves.
Et même lorsque je me rends compte que j’ai jeûné depuis 24h ou plus, je repousse le moment de manger pour x ou y raison. Comme si j’avais besoin de me prouver que je n’ai pas besoin de manger.
Le chemin de la guérison est long
J’ai eu de nombreux suivis thérapeutiques, certains ont eu une efficacité nulle, d’autres modérées et beaucoup étaient de l’ordre du charlatanisme. Mais je crois que ce qui m’a le plus aidé dans mes convictions c’est la communauté. Pouvoir me retrouver avec des personnes qui me ressemblent et partager, créer du lien autour de nos expériences en partie similaires.
Ce n’est pas parce que c’est difficile qu’il faut abandonner avant d’avoir commencé
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